LES RISQUES DITS "NATURELS"

Prise de notes de la conférence de Jean-Sylvain MAGAGNOSC, Maître de Conférences à l'Université de Poitiers, le 5 mai 2010 à la MSHS de Poitiers


Constat : La plupart des zones à risques sont proches du littoral où la population est de plus en plus concentrée.

Par abus de langage, on parle de risques naturels, or il faudrait parler d'aléas naturels, d'où une manipulation de vocabulaire

Définitions de catastrophe
- en 1968 par l’université du Colorado :
100 morts ; 1 million de dollars de dégâts
- en 1995, base SIGMA de SWISS RE :
20 morts ou 50 blessés (a priori assez gravement atteints) ou 2000 sans abri ou des pertes assurées (valeur liée au niveau de développement)
Cette base comporte 7000 événements survenus depuis 1970 et répertorie 300 nouvelles catastrophes par an.

Catastrophes recensées pour la France depuis 1900 (base du Ministère de l’Ecologie)
- 5 catastrophes naturelles majeures (plus de 1000 morts ou plus de 3 milliards d’euros de dommages)
- 31 catastrophes : entre 100 et 1000 morts ou 300 millions à 3 milliards d’euros de dégâts
- 57 accidents très graves : 10 à 99 morts ou 30 à 300 millions d’euros de dommages

NB : Selon cette classification, Xinthia n’est qu’un « accident très grave ».


1ère Partie : Le Pinatubo
Etude d’un aléa volcanique, de la gestion de crise associée et des effets dominos

Eruption en 1991, dans l’île de Luzon, alors qu'il n'avait pas eu d'activités depuis 600 ans ; (en termes de volcanisme, certains disent que les volcans d'Auvergne sont toujours actifs dans la mesure où ils ont eu une activité pendant les 25 000 dernières années. Là encore, on constate une manipulation du vocabulaire.)

Il s’agit d’une période charnière :
- fin de la dictature de Marcos
- arrivée à échéance de l’engagement des Philippines à l’égard des EU à propos de la base militaire de Clark Field, aussi les EU aident-ils les Philippines :
Evacuation de la zone autour du volcan or, où vivent des populations autochtones, les Aetas (qui vivent de cueillette et de chasse). Les populations sont déplacées dans des camps. Cela a été salutaire.

Eruptions les plus violentes en juin. On considère que c’est la 2ème explosion du siècle : le volcan est passé de 1750 m d’altitude à 1480 m. Le panache est monté à 44 km d’altitude. 2,5 km³ évacués dans l’atmosphère. Pendant cette crise aiguë, il y a eu « seulement » 200 victimes.

Or, juin est la période des moussons et des pluies cycloniques ; les cendres sont retombées sur toute la périphérie ; elles ont coulé dans les rivières, dont le niveau a monté fortement, d’où des inondations. De nombreuses digues ont été élevées
De nouveaux lahars (coulées de boue d’origine volcanique) entre 1992 à 1999, qui ont provoqué 250 victimes (conséquences plus fortes car on n’est plus en période de crise aiguë.

Les Aetas, qui ont changé d’environnement (déplacement en zone urbaine), ont attrapé des maladies diverses (grippe…). 800 d’entre eux sont morts ainsi soit 4 fois plus de victimes que pendant la crise !

Plus tard, création d’un canal pour éviter l’inondation d’une ville. La population réagit elle-même en creusant sous les cendres et en mettant des palmes perpendiculairement.

On observe souvent un effet domino après une éruption volcanique.
(Les effets dominos sont fréquents en cas d’éruption volcanique. Par ex. les cendres font fondre la neige, ce qui contribue à faire monter rapidement le niveau des cours d’eau, en particulier en période de fonte des neiges.)

2ème Partie : Reconstruction et recomposition territoriale, les séismes italiens de 1980 et 2002


En général, on observe 4 phases :
- Sauver les vies
- Mettre les populations à l’abri (de façon sommaire)
- Reconstruire (abris en dur)
- Reconstruire (nouveau bâti)


1) Cas de Conza della Campania – Irpinia 1980
Il s’agit d’un village méditerranéen, perché sur un rocher (marnes, argile). En raison de l’effet de site, plus de 85% des édifices ont été détruits.

Le village a été complètement abandonné, pour laisser une « mémoire » et on a construit, plus loin, des maisons en bois et d’autres en fibro-ciment ; maisons utilisées pendant 12 ans. Puis construction d’un village avec de nouvelles maisons.

Modification radicale du village :
- au centre du village, on a construit un immense forum, qui a cassé la dynamique du village.
- les populations jeunes sont parties, le village a vieilli.
- En 1993, les gens ont conservé les maisons en bois (celles en fibro-ciment ont été détruites car elles contenaient de l’amiante) car elles ont été mises à leur disposition pour 99 ans. Ils les louent maintenant à des Napolitains pour leurs vacances. Eux habitent maintenant des maisons en « dur ».

2) Cas de San Giuliano di Puglia (séisme en 2002), village éperon
30 morts, dont 27 enfants.

On a construit des baraquements en bois, que les habitants devront rendre lorsqu’ils seront logés dans des maisons.
L’Etat a décidé d’aider largement le village en considérant qu’il fallait « payer » la mort des enfants. Les communes avoisinantes ont été négligées (coût des maisons deux fois moins élevé ; reconstruction beaucoup plus lente…). Ainsi, le centre historique a été entièrement refait ; les dépenses ont été considérables. Chacune des 350 maisons construites a coûté environ 650 000 €, alors que le coût supplémentaire pour construire des bâtiments anti-sismiques est faible (de l’ordre de 10%)


Les séismes modifient complètement la vie dans les villages en fonction des secours qui sont apportés.