Enseignement d’exploration "Création et activités artistiques : patrimoines"

Présentation et orientation bibliographique

proposées par Philippe Jeangeot, professeur au lycée Cordouan de Royan

Cette présentation reprend largement celle qui a faite pour le lycée Cordouan de Royan, exposée lors de la journée « portes ouvertes » et à l’occasion de la présentation de l’établissement dans les collèges du secteur. Elle n’est donc en rien un modèle exhaustif, même si elle se réfère au texte du programme consultable sur le site http://eduscol.education.fr/. Elle est aussi bâtie en liaison avec la section BTS AGTL (Animation et Gestion Touristiques Locales) du lycée, où l’enseignement et la pratique de l’analyse du patrimoine tiennent une part importante et où des partenariats existent avec des professionnels du monde du tourisme et du patrimoine.

1. De quoi s’agit-il ?

• Il s’agit d’abord de brièvement présenter la notion de patrimoine, de ses origines à son champ actuel, très large, puisque le patrimoine n’est plus cantonné au domaine artistique ou monumental, mais est bien pluriel (d’où le s dans l’énoncé), recouvrant toutes les formes d’héritages collectifs, qu’ils soient historiques (archéologie, art, architecture, lieu de mémoire…), naturels (paysage, faune, flore…), industriels ou agricoles, matériels ou immatériels (objet, savoir-faire, langue…), locaux (fêtes et jeux traditionnels, bâtiments particuliers, gastronomie…) ou nationaux…
• Il s’agira ensuite de rappeler les étapes de la prise de conscience de l’existence des patrimoines, par l’examen de la chronologie des lois les concernant, de saisir aussi l’évolution dans l’espace d’une notion devenue européenne (des Journées européennes du patrimoine ont lieu chaque année en septembre, elles devraient être la première occasion de mobiliser les élèves) et mondiale (avec l’existence du classement au patrimoine mondial par l’UNESCO).
• Il faudra enfin voir comment s’organisent la préservation, la sauvegarde, la conservation et la valorisation des patrimoines en France, et quels en sont les acteurs.

• Les objectifs sont donc de découvrir et de comprendre ce que peut être un objet patrimonial en sensibilisant à sa sauvegarde.
Cet enseignement d’exploration sera évidemment en liaison avec celui, obligatoire au lycée comme au collège, d’histoire des arts. Et il doit également permettre de découvrir les filières d’études supérieures en liaison avec le patrimoine et les métiers qui étudient, valorisent, protègent, gèrent, utilisent le patrimoine dans toutes ses acceptions.

2. Que s’agit-il de faire, quelles sont les compétences mobilisées ?

• La démarche est celle d’un projet dont les élèves sont acteurs, il ne s’agit pas de cours magistraux sanctionnés par des contrôles. Pour un collégien, ce qu’il peut avoir connu de plus approchant correspond aux défunts IDD, pour un lycéen, cela se rapprocherait plutôt des TPE, pour lesquels ce type d’enseignement constituera une réelle préparation ; en tout cas, il s’agira de travailler autrement avec l’équipe d’encadrement.
• L’objectif technique majeur de ce projet est d’acquérir (en observant, en décrivant, en classant, en situant dans le temps) une familiarité avec les patrimoines, avec l’idée de pouvoir ensuite construire une pratique autonome de découverte et de culture.
• Les élèves seront pour cela mis en activités, seuls ou en groupe (en fonction de leur nombre) ; ils travailleront sur un sujet, un thème, un lieu, collecteront des informations, interrogeront des professionnels (architecte, chercheur, guide, conservateur, restaurateur…) et bâtiront un dossier, une exposition, un site Internet, une mise en images d’une rencontre ou d’une visite, un itinéraire patrimonial… en rapport avec leur sujet.
• L’évaluation sera à harmoniser avec les équipes des autres enseignements d’exploration. Elle devrait intervenir, pas nécessairement par l’intermédiaire d’une note, en fin d’année, une fois le projet achevé, ce qui n’exclut pas d’apprécier au long des séances le travail conduit, par exemple à travers la tenue d’un carnet de suivi, sur le modèle en usage pour les TPE.

Des thèmes possibles

– l’exploration d’un lieu patrimonial (château, église, moulin, pigeonnier, lavoir…), avec questionnement sur ses usages, ses états successifs, ses problèmes de conservation, de valorisation, de mise en tourisme… ;
– l’exploration d’un événement autour du patrimoine (spectacle, exposition, animation …), avec le concours des professeurs d’éducation musicale et/ou d’arts plastiques, avec questionnement sur sa conception, sa réalisation, le travail technique, la promotion et la communication de l’événement ;
– l’exploration d’un chantier de restauration ou de fouille, avec questionnement sur les techniques mises en œuvre, rencontre avec des professionnels précisant leur parcours ;
– l’exploration d’un paysage, avec questionnement sur son évolution, sa composition, sa forme, sa représentation ;
– l’exploration d’une commémoration (fête religieuse, agricole, nationale, familiale…), avec questionnement sur son origine, son sens, son évolution, son importance ;
– l’exploration d’un objet patrimonial, à travers son histoire, avec questionnement sur sa conception, sa fabrication, son évolution, sa commercialisation, sa place dans notre quotidien ;
– l’exploration d’une bibliothèque ou d’un service d’archives, avec questionnement sur les objets conservés, leur valeur, leur statut, les techniques utilisées, grâce à des entretiens avec des professionnels.

3. Qui est concerné ?

• D’abord tous ceux qui en auraient envie ou que cela intéresse, éventuellement déjà investis dans ce domaine (à travers la vie associative, par exemple), et au-delà tous les élèves curieux, soucieux de mieux appréhender les patrimoines, et d’abord le patrimoine local. Ensuite, les élèves qui envisagent plus largement de poursuivre dans la filière terminale littéraire, en sachant que celle-ci n’inclut pas que des connaissances en Lettres, en Langues ou en Histoire. Enfin, et parce que cet enseignement doit participer à l’aide à l’orientation, tous ceux qui envisageraient un horizon professionnel dans un secteur où le patrimoine leur serait utile et souhaiteraient ainsi, grâce à des rencontres avec des étudiants et avec des professionnels, éclairer leur idée d’orientation, que ce soit en la confortant ou en l’infirmant.


Orientation bibliographique

Sur la notion de patrimoine, sur son historique et sur l’historique de sa protection, on pourra consulter :
– Direction du Patrimoine, Découvrir le patrimoine, Nathan, 1993 ;
– M.-A. Sire, La France du patrimoine, Gallimard, coll. « Découvertes », 2005 ;
– C. Hewlett et alii, Les Patrimoines de France, Gallimard, 2009.
Ainsi qu’un manuel essentiel, œuvre de trois collègues à l’expertise reconnue, du lycée d’Hôtellerie et de Tourisme de Bordeaux-Talence, qui présente en outre une typologie complète et active (avec des exercices) des patrimoines :
– J.-C. Dinéty, E. Proust et R. Rosssi, La France des patrimoines, BPI, 2004.

Pour une approche générale, les ouvrages sont nombreux, on peut citer :
– P. Fride, R. Carrassat et I. Marcadé, Comprendre et reconnaître les mouvements dans la peinture, Bordas, 1993 ;
– J. Debicki et alii, Histoire de l’art (peinture, sculpture, architecture), Hachette Éducation, 1995 ;
– E. D’Alfonso et D. Samsa, L’Architecture. Les formes et les styles, de l’Antiquité à nos jours, Solar, 1996 ;
– W. Koch, Comment reconnaître les styles en architecture, Solar, 1997 ;
– M. Lavenu et V. Mataouchek, Dictionnaire d’architecture, Gisserot, 1999 ;
– F. Zégierman, Guide des pays de France, Fayard, 1999 ;
– C. Renault et C. Lazé, Les Styles de l’architecture et du mobilier, Gisserot, 2000 ;
– P. Weber, Histoire de l’art et des styles, Librio, 2005 ;
– F. Prina et E. Demartini, Petite Encyclopédie de l’architecture, de l’art roman au XXIe siècle, Solar, 2006 ;
– C. Peyroutet, Le Tourisme en France, Nathan, coll. « Repères pratiques », dernière édition, 2006 ;
– J.-P. Demoule (dir.), L’Europe. Un continent redécouvert par l’archéologie, Gallimard, 2009.

Mais on devra plutôt se rapprocher des publications d’éditeurs spécialisés dans le domaine du patrimoine. À ce titre, on doit d’abord citer les éditions Flohic, avec un ouvrage très complet et très utile, sinon nécessaire :
– Collectif, Comprendre le patrimoine. Points de repères, Flohic, 1998, également édité sous le titre Primus. Le premier manuel pour reconnaître le patrimoine, Flohic, 2002.
Et des volumes sur le patrimoine d’institutions, comme la Poste ou l’Éducation nationale, et sur celui des communes, regroupées par départements pour ceux qui ont été traités, ouvrages souvent présents dans les CDI :
Le Patrimoine des communes de la Vienne, Flohic, 2003 ;
Le Patrimoine des communes de Charente-Maritime, Flohic, 2003.

On utilisera aussi les nombreux livres des éditions Gisserot, qu’on ne peut tous citer (voir sur le site http://www.editions-gisserot.com/), même si on peut signaler les petits mémentos très aisés à utiliser. De même, ceux des éditions Ouest-France, notamment ceux qui traitent d’une période architecturale ou d’un patrimoine particulier (voir sur les éditions Edilarge).

On pourra aussi utiliser les riches et très pédagogiques petits ouvrages des éditions Fragile (http://www.editionsfragile.fr/), notamment ceux des collections « Brève Histoire », comme :
– A. Rego, L. Stefanon et M. Renaud, Brève Histoire des châteaux forts en France ;
– L. Stefanon et M. Renaud, Brève Histoire des châteaux. Renaissance et classicisme en France ;
et « À livre ouvert », avec, par exemple, un titre remarquable pour toute étude d’un édifice religieux :
– M. Henry-Claude et L. Stefanon, Principes et éléments d’architecture religieuse médiévale, Fragile, 2007.

Pour la période romane, il existe encore des ouvrages disponibles des éditions Zodiaque, recensés à cette adresse, dont on doit au moins signaler le glossaire des termes d’architecture, traduits en quatre langues :
– Dom M. de Vogüe et alii, Glossaire, Zodiaque, coll. « Introductions à la nuit des temps », 4e éd., 1989.

Enfin, le Centre des monuments historiques gère diverses publications par l’intermédiaire des Éditions du patrimoine. Citons :
– Collectif, Ouverts au public. Le guide du patrimoine en France, Éd. du patrimoine, 2002, qui recense 2 500 monuments et sites historiques du pays, ou des volumes plus spécialisés, mais très complets et à la consultation utile, comme :
– J.-F. Belhoste et P. Smith (dir.), Patrimoine industriel. Cinquante sites en France, Éd. du patrimoine, 1997 ;
– B. Toulier (dir.), Mille Monuments du XXe siècle en France, Éd. du patrimoine, 1998 ;
– B. Toulier, Architecture et patrimoine du XXe siècle en France, Éd. du patrimoine, 2000 ;
– M.-T. Baudry, Sculpture. Méthode et vocabulaire, Éd. du patrimoine, 2000 ;
– B. Gauthier, Espace urbain. Vocabulaire et morphologie, Éd. du patrimoine, 2003 ;
– J.-M. Pérouse de Montclos, Architecture. Méthode et vocabulaire, Éd. du patrimoine, 7e éd., 2009.

• Également riches d’informations et d’iconographie, on consultera, chez Gallimard, le catalogue de la collection « Découvertes », dont de nombreux ouvrages couvrent les différents champs du patrimoine. Signalons également que le même éditeur, en partenariat avec les Éditions du patrimoine citées plus haut, a produit, dans la collection « Guides Gallimard », en plus d’ouvrages plus directement régionaux et touristiques, dont plusieurs sont consacrés à des parcs naturels, des ouvrages généraux remarquables par leur synthèse et leur iconographie sur La France préhistorique, La France médiévale et La France de la Renaissance.

• Pour rester dans les guides, on se souviendra que les Guides bleus d’Hachette et les Guides verts Michelin proposent des pages de présentation qui sont autant de ressources pour qui étudie le patrimoine d’une région ou d’un lieu précis. On signalera aussi l’existence d’un Guide du patrimoine industriel, scientifique et technique, La Manufacture, 1996, à enrichir en consultant les numéros 399 (mai 2007), 401 (février 2008) et 405 (janvier-février 2009) de notre revue Historiens et Géographes justement consacrés au patrimoine industriel, et d’un Guide du patrimoine rural, La Renaissance du Livre, 2002, à compléter par Les Mille Visages de la campagne française. Guide encyclopédique illustré, Sélection du Reader’s Digest, 1976, dont plusieurs pages sont très utiles pour comprendre les bâtiments ruraux des différentes régions, plusieurs illustrations de ce livre « grand public » se retrouvant d’ailleurs dans des ouvrages postérieurs plus savants ; de plus il contient un glossaire utile à l’étude du monde rural, de ses techniques, de ses outils et de ses savoir-faire.

• Sur les objets, nombreuses sont les monographies, mais on lira avec intérêt, pour exemple et pour mémoire, le petit ouvrage d’Olivier Razac, Histoire politique du barbelé, La Fabrique, 2000.

• Pour terminer, on peut noter l’intérêt qu’offrent des périodiques, dont les plus connus sont : Géo ; L’Histoire ; ou Historia, avec ses cahiers consacrés à des villes ; des publications à vocation touristique du genre Détours en France ou les anciens numéros de Monuments historiques, revue publiée de 1936 à 1996.

• Pour ce qui est des vidéos, elles sont nombreuses, mais pas toujours d’égale valeur, consacrées au patrimoine, de la Collection Palettes d’Alain Jaubert, à D’Art d’art, proposée sur France-Télévision. Au niveau local, on signalera le travail du cinéaste Jacques Épaud, qui filme des artistes vivant dans la région, de la genèse d’une œuvre à son achèvement, et qui n’hésite pas à se déplacer, éventuellement avec œuvre et artiste, dans les établissements scolaires. On n’hésitera pas non plus à prendre contact avec les érudits locaux des sociétés d’histoire, d’art, d’archéologie, toujours favorables au partage de leur passion avec des lycéens.

• S’agissant de l’orientation, l’ONISEP diffuse, dans la collection « Parcours », un numéro sur Les Métiers de la culture et du patrimoine, alors que les différents sites pour étudiants (letudiant.fr, studya.com…) fournissent également des informations sur les professions en lien avec ce secteur.


Philippe Jeangeot, lycée Cordouan, Royan
avec gratitude envers Christian Bernard (Poitiers) et Bernard Panza (Toulon)